Séance 6 : Le cadavre de Camille

Holbein (le jeune), Le Christ mort, 1521 (http://aleksandreo.blox.pl/resource/holbein_young_chris.jpg)

                  

Hans Holbein (le jeune), peintre et graveur allemand du XVIe s. (Renaissance).
Pour ce tableau, Holbein s'est servi de la dépouille d'un marchand noyé pour réaliser la tête du Christ. Pourtant, cette œuvre n'a suscité ni scandale ni controverse.  Elle a même survécu à la destruction des œuvres d’art des églises par les réformistes radicaux.


Dostoïevski, grand admirateur d'Holbein, est fort secoué lorsqu'il voit cette œuvre à Bâle trois siècles plus tard; selon lui, «ce tableau peut faire perdre la foi. »
Le tableau le tellement trouble qu'il en fait une longue description dans L'Idiot : « Il représentait le Christ au moment de la descente de Croix. Si je ne me trompe, les peintres ont l’habitude de figurer le Christ soit sur la Croix, soit après la descente de Croix, avec un reflet de surnaturelle beauté sur son après visage. Ils s’appliquent à Lui conserver cette beauté même au milieu des plus atroces tourments. Il n’y avait rien de cette beauté dans le tableau […] ; c’était la reproduction achevée d’un cadavre humain portant l’empreinte des souffrances sans nombre endurées même avant le crucifiement; on y voyait les traces des blessures, des mauvais traitements et des coups qu’Il avait essuyé de ses gardes et de la populace quand Il portait la Croix et tombait sous son poids; celles enfin du crucifiement qu’Il avait subi pendant six heures...»

ANALYSE DU TABLEAU

COMPOSITION : Le corps du Christ mort est représent dans le tombeau après la crucifixion. Le corps est allongé --> le tableau est en longueur. On a l’impression d’être à l’intérieur du tombeau avec lui. Réalisme de la représentation.

COULEURS :
- Corps : La chair n’a pas encore la pâleur cadavérique --> il vient de mourir. Chair encore à vif autour des stigmates.
- visage : Teintes verdâtres. Modèle pour la tête = cadavre d’un marchand noyé.

MISE EN SCENE DU CORPS : Allongé dans tombeau mais yeux mi-clos, bouche entr’ouverte, doigts dans geste de bénédiction 
--> Christ semble encore vivant (= signes avant-coureur de sa résurrection).

==> Pour certains : réalisme et détachement quasi-clinique --> Dostoïevsky pense que ce tableau peut faire perdre la foi.
Pour d’autres : souffle de vie encore présent dans les traits et l’attitude du cadavre prêt à renaître. Dimension mystique de ce tableau.